« Au passage, je vous dirais que le métier de chiffonnier est très particulier. La personne qui ramasse les chiffons dans la rue va les mouiller un peu de nuit pour que ça lui fasse deux okas de plus. Le boutiquier du village qui les achète, et qui sait qu’ils ont été mouillés, le vole encore plus sur le poids. Le marchand qui achète les chiffons au boutiquier, et qui sait pour sûr que rien n’est en règle, y va de son propre calcul lorsqu’il les achète. Et ainsi, ce sont quatre personnes qui s’emploient à s’escroquer.
Vous pouvez vous imaginer mon patron, novice dans le métier et moi qui n’y connaissais rien du tout, à quel résultat cela pouvait mener. L’un lui vendait du tissu grossier pour du drap fin, l’autre une balle de corde avec un chien mort dedans et en moins d’un an, l’affaire était liquidée et bien entendu, avec pertes et fracas. Je me vis obligé de reprendre le métier d’imprimeur auprès de M. David Fresko en qualité de machiniste pour quatre-vingt piastres par semaine. »