thumbnail
Entretien avec Macha Fogel Akadem

« Je conserve dans ma mémoire et dans mon cœur non seulement les merveilleux réverbères à gaz du Paseo de Gracia, mais aussi des aspects disparus, oubliés et souvent inconnus de la plupart des citoyens. Parmi eux, les figures autrefois familières du sereno, dont García Márquez fit l’éloge chaleureux dans ses Notas de prensa, et du vigilante.
S’il s’agissait, pour les plus jeunes d’entre nous, de figures surgies d’un passé lointain, peut-être de ce XIXe siècle qui n’était pas encore achevé dans la péninsule ibérique, ils rappelaient aux plus âgés des personnages typiques de leur enfance et de leur adolescence à Edirne. Ils effectuaient des tâches aujourd’hui impensables : conserver les clefs de la porte d’entrée que personne ne possédait (il suffisait de claquer dans ses mains, et le vigilante survenait en signalant son arrivée avec sa canne ferrée), aller chercher le médecin en cas de nécessité, avertir la police quand quelqu’un se conduisait mal. Dans les villages, le sereno annonçait l’heure et le temps qu’il faisait. Les plus âgés associèrent immédiatement la figure du sereno et celle du vigilante à celle du pasvant de l’Empire ottoman, qui, muni de son fener, sa lanterne, et de sa canne à pointe ferrée, exerçait ces mêmes fonctions dans les rues d’Edirne et dans les villes des Balkans. »